MOMIWA, l’aventure citoyenne de la bibliothèque de Setouchi
Citoyenne, la bibliothèque de Setouchi porte bien son nom. Voulue par les citoyens, elle a été faite pour eux et avec eux. Son histoire commence en 2009, lorsque le maire sortant promet dans son programme électoral une nouvelle bibliothèque.
La bibliothèque de Setouchi a reçu le prix de la Bibliothèque de l’année en 2017.
La ville de Setouchi et les alentours
Sur l’axe est-ouest du Shinkansen entre Hiroshima et Kyoto, à trente minutes d’Okayama, capitale éponyme de la préfecture, la ville de Setouchi, créée en novembre 2004, regroupe trois anciens bourgs : Osafune au nord, Oku au sud-ouest et le port d’Ushimado, donnant sur la mer intérieure de Seto, au sud-est.
Très impliquée dans le développement du tourisme pour redynamiser la région, la ville communique sur ses atouts, avec son histoire ancienne, ses savoirs faire ancestraux et la beauté de son littoral, de son oliveraie et de ses couchers de soleil. Elle est notamment réputée pour ses katana, fabriqués depuis la période Heian, et pour ses poteries, activité elle aussi très ancienne et très répandue. A quelques kilomètres de là, se trouve la ville de Bizen mondialement connue. Depuis son ouverture en juin 2016, la bibliothèque est présentée comme l’un des points forts de Setouchi.
Les « Toshokan future meeting »
Le site web de la ville évoque « l’état inacceptable de l’ancienne bibliothèque » dont on ne trouve guère de trace. Un an après l’élection du maire en 2010, une commission est créée pour élaborer un programme. Par le biais d’une pétition, des citoyens de la ville s’invitent dans le projet.
En 2011, le futur directeur de la bibliothèque est recruté. Il met en place des ateliers de consultation citoyenne, les « Toshokan Future Meeting », fondés sur une démarche participative qui inspirent, nourrissent et définissent les contours de la nouvelle bibliothèque. Tout le monde est invité à exprimer ses besoins et ses attentes : homme, femme, enfant, adolescent, adulte, personne âgée, femmes au foyer, collégiens, lycéens, actifs, retraités… Près de vingt sessions sont organisées pendant cinq ans.
Autre particularité du projet, la bibliothèque étant construite à la place de l’ancien musée municipal, à coté du centre social municipal, une partie des collections muséales sont intégrées dans la programmation scientifique et architecturale. Les habitants sont invités, là aussi, à faire des propositions.
Momiwa
Finalisé en 2013, le programme se décline en sept axes porteurs qui affirment avec force la vision des citoyens
La bibliothèque de Setouchi est un lieu où les citoyens peuvent parler de leurs rêves ; où ils élargissent le champ des possibles et où ils peuvent développer leurs potentialités ; c’est un lieu où l’on peut « construire » la communauté ; une place utile qui soutient la croissance et l’éducation des enfants ; un endroit qui permet aux personnes âgées de rayonner ; un endroit de rencontre, d’art et de culture ; un espace pour tous ; un endroit pour découvrir et diffuser le charme de la ville.
La philosophie d’ensemble est résumée par l’acronyme Momiwa, もみわ, résultat de la contraction de trois mots, « Amener, trouver, partager », choisi au terme d’une consultation citoyenne, qui désigne le nom de la bibliothèque. C’est aussi le nom du café, à l’intérieur de la bibliothèque, juste à coté de l’entrée principale. Car les citoyens ont voulu un café dans leur bibliothèque pour se détendre, discuter et organiser des événements collectifs.
Le nouveau bâtiment
A coté du centre social municipal, le nouveau bâtiment est en forme de L. De taille moyenne, avec 2400 m2, la bibliothèque offre sur deux niveaux une grande diversité d’espaces et de services.
Tourné vers la convivialité et le loisir, le premier niveau rassemble le café, la bibliothèque pour enfant, la partie adulte de la bibliothèque avec des collections de romans et des livres de loisirs, une zone pour les revues et les magazines, et un coin presse. Le passé de Setouchi se donne à voir. Des vitrines encastrées dans les rayonnages permettent d’exposer des poteries du musée. A coté du coin presse, de vieux objets de la vie quotidienne (boîte à bentô, chaufferette, téléphone…) posés sur des tables hautes évoquent le passé et des panneaux d’exposition, selon un déroulé chronologique, invitent à aller « à la découverte du chemin de Setouchi ».
Jouxtant la bibliothèque, dans la galerie d’exposition, on admire les marionnettes de Taketa Kinesuke, dont la fameuse petite Yukinko. La « 集いの部屋 », (tsudoi no heya), la salle de « rassemblement » est d’ordinaire une grande salle de travail mais c’est une salle polyvalente où l’on peut même monter des spectacles de marionnettes grâce à une scène dédiée.
Dans le couloir, un grand moulage des amas coquilliers datant de la période Yayoi, découverts non loin de là en 1933, est fixé au mur.
Au second étage, depuis la mezzanine, de la grande table filante où l’on peut travailler, on a vue sur l’Olive garden, un carré de pelouse verte bordé de quelques oliviers, destiné à la détente, au jeu et où ont lieu les événements organisés par la bibliothèque. Les collections se répartissent entre collections de loisirs (le fonds nommé « chadults » pour jeunes et adultes, vidéo, CD) et des fonds d’étude, spécialisés et locaux. Un espace d’une petite dizaine d’ordinateurs permet de consulter internet et des bases de données. Une grande salle de travail individuel, une salle de réunion et un « chat room » viennent compléter l’ensemble.
Lumineuse avec sa grande façade vitrée, claire avec son aménagement intérieur aux teintes douces, modeste mais confortable, la bibliothèque de Setouchi est un lieu où les habitants se sentent chez eux. Le choix de l’architecte, Koyama Toshio, à l’écoute des citoyens, été a crucial. Son bâtiment est la traduction de leurs aspirations.
- Bâtiment unique
- Architecte : Kohyama Hisao- Kohyama Atelier
- Année d’ouverture : 2016
- Superficie : 2399 m2
- Niveaux : 2
- Livres : 117 000 dont 101 000 en libre-accès